Léo Gravelle

Canadiens de Montréal - 1946-1951

Le bel héritage de Léo Gravelle

Article de Marc Brassard le 5 novembre 2013 dans le journal Le Droit

Léo Gravelle, en 2005, lors du visionnement de presse du film Maurice Richard.

Léo Gravelle en 2005, lors du visionnement de presse du film Maurice Richard (Archives, Le Droit)

Comme dans le poème qui se trouve dans le vestiaire du Canadien, dont il était fier d'être un ancien, un dernier flambeau a été allumé pour Léo Gravelle hier et ses bras meurtris l'ont tendu pour que ceux qui se souviendront toujours de lui le tiennent bien haut.


À la fin de ses funérailles tenues dans une cathédrale St-Joseph où de nombreux parents, amis et connaissances se sont rassemblés, le lampion a peut-être été éteint, mais vous pouvez être assurés que les descendants de ce grand monsieur, décédé la semaine dernière à l'âge de 88 ans, vont continuer à porter en eux ce qu'il leur a laissé en héritage. À commencer par de belles valeurs et le goût de mordre dans la vie jour après jour.

Dans son eulogie, son fils aîné Léo Jr. a justement parlé de ces valeurs de «droiture, d'intégrité, du coeur au ventre, de générosité, et j'en passe».

Il est le plus vieux de sept enfants, quatre garçons et trois filles, fruits de l'union de Léo Gravelle avec Yolande Gratton, avec qui il a été marié pendant 63 ans. Des enfants qui lui ensuite donné 12 petits-enfants et neuf arrière-petits-enfants, dont un qui endossait fièrement un chandail du Canadien hier.

Léo Jr. racontait que son père s'est assuré de donner le goût de faire du sport et d'être en bonne condition physique à tout ce beau monde. Un conseil suivi à la lettre alors que dans nos pages, on relate à l'occasion les exploits de ses petits-enfants, comme Frédéric Lajoie-Gravelle, un joueur de soccer de l'Académie de l'Impact de Montréal, ainsi que Julie Gravelle, qui s'illustre en sports équestres.

Tous ceux qui ont fait son éloge hier ont parlé du talent hors pair de compteur d'histoire de Léo Gravelle et ça, je peux en témoigner, car lors des quelques occasions où j'ai fait appel à ses souvenirs, il avait toujours de bonnes anecdotes à me raconter.

Je l'avais contacté une première fois en mai 2000, lorsque son ancien coéquipier Maurice Richard est décédé.

Au cours de ses quatre saisons et demie avec le Tricolore, Gravelle s'était en effet lié d'amitié avec le «Rocket», tout comme sa Yolande avec l'épouse du célèbre numéro9, Lucille. Ils étaient liés par leur foi, entre autres.

«Chaque fois qu'on allait jouer en dehors de Montréal, on essayait de trouver l'église la plus proche, s'était rappelé l'Aylmerois d'origine. À New York, on allait à la messe de 6h du matin. Quand nous étions à Toronto, on allait toujours à la cathédrale. À Boston, c'était la messe de 11h. Et s'il n'y avait pas de messe quand on était là, on allait quand même trois quarts d'heure à l'église pour prier. C'était un peu notre porte-chance.»

Cinq ans plus tard, j'avais invité M. Gravelle à m'accompagner pour un visionnement de presse du film sur son ami, invitation qu'il avait acceptée avec joie. Il avait alors appris quelques bribes d'informations qu'il ne connaissait pas sur son ami Maurice, comme le fait qu'à son premier camp d'entraînement, celui-ci s'était d'abord vu remettre le numéro15, que lui-même a plus tard porté.

«Barré» de la ligue

Auteur de 44 buts et 78 points en 223 parties dans une LNH à six équipes seulement, rappelons-le, Léo Gravelle a été échangé aux Red Wings de Détroit au milieu de la saison 1950-1951, ne disputant que 18 rencontres avec eux. «Ils sont venus me chercher parce que je comptais souvent contre eux, puis après quelques matches, Jack Adams m'a envoyé dans les mineures et il a déclaré que Léo Gravelle ne jouerait plus jamais dans la LNH. Il m'a barré de la ligue. Je suis ensuite retourné chez les amateurs pour jouer avec les Sénateurs d'Ottawa (de la Ligue senior du Québec)», avait-il relaté.

Il n'y avait pas d'association des joueurs à l'époque pour défendre les droits d'un joueur honnête comme lui. Malheureusement.

«Il était tout un joueur», s'est souvenu l'ancien journaliste sportif du Citizen Jack Kinsella, qui était présent hier, toujours très alerte à 92 ans bien sonnés. Celui-ci avait vu Léo le mois dernier lors des funérailles de son ancien compagnon de trio avec le Canadien et les Sénateurs, Howard Riopelle, d'Ottawa. «Il ne voulait pas partir après, il voulait continuer à ressasser des histoires du bon vieux temps», disait-il.

De bonnes vieilles histoires que les descendants de Léo Gravelle vont certes continuer à raconter pour des générations et des générations.

Au nom de l'équipe des sports du Droit, nos condoléances à toute sa famille. Celle-ci, qui a apprécié la visite des anciens du Canadien Réjean Houle et Pierre Bouchard dimanche soir, demande que tout don planifié en mémoire de Léo Gravelle soit fait à la Maison Mathieu-Froment-Savoie, où il a terminé ses jours.

mbrassard@ledroit.com